
Dans le paysage émergent de l’intelligence artificielle, la musique devient un terrain de bataille pour les droits d’auteur et l’innovation technologique. Deux géants de l’IA, Suno et Udio, se retrouvent au centre de controverses judiciaires lancées par l’Association de l’Industrie de l’Enregistrement Américaine (RIAA) et les grandes maisons de disques Sony Music Entertainment, UMG Recordings, Inc., et Warner Records, Inc.
L’accusation de violation des droits d’auteur
Les plaintes déposées devant les tribunaux fédéraux des États-Unis allèguent que Suno et Udio ont utilisé illégalement des enregistrements musicaux protégés pour entraîner leurs systèmes d’intelligence artificielle. Cette utilisation, selon la RIAA, vise à saturer le marché avec du contenu généré par des machines qui imite directement les enregistrements authentiques.
Les exemples cités dans les plaintes sont frappants : des chansons créées par l’IA imitant les voix d’icônes telles que Michael Jackson, Bruce Springsteen, Lin-Manuel Miranda, ABBA, et bien d’autres. Des titres emblématiques comme « All I Want for Christmas Is You » de Mariah Carey, « I Get Around » des Beach Boys, et « American Idiot » de Green Day font également partie des morceaux reproduits sans autorisation apparente.
Les enjeux juridiques et éthiques
Au cœur de cette affaire se trouve une question cruciale : l’IA peut-elle échapper aux lois sur le droit d’auteur ? Les plaignants affirment que non, soulignant que Suno et Udio ont non seulement violé les droits des artistes et des maisons de disques, mais ont également sapé l’intégrité du marché musical en créant une concurrence déloyale.
Les demandes légales incluent des déclarations de violation de droits d’auteur, des injonctions pour interdire à ces services d’IA de répéter de telles actions, ainsi que des réparations pour les dommages causés par les infractions déjà commises.
Réactions et implications
Mitch Glazier, président-directeur général de la RIAA, a exprimé la position de l’industrie musicale : « La communauté musicale embrasse l’IA et nous collaborons déjà avec des développeurs responsables pour créer des outils d’IA durables centrés sur la créativité humaine, mettant les artistes et les auteurs-compositeurs en charge. Mais nous ne pouvons réussir que si les développeurs sont prêts à travailler avec nous. »
Cette affaire reflète un défi croissant alors que les avancées technologiques se heurtent aux droits traditionnels et à la propriété intellectuelle. Elle pose des questions sur la régulation de l’IA et l’équilibre entre l’innovation technologique et la protection des droits créatifs.