
L’administration Trump persiste et signe dans sa politique protectionniste. Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires historiques – le Canada, le Mexique, la Chine et l’Union européenne – s’intensifient, Tesla tire la sonnette d’alarme. Dans une lettre adressée au représentant américain au commerce, Jamieson Greer, la firme d’Elon Musk met en garde contre les risques majeurs liés à l’augmentation des droits de douane sur les importations automobiles et les composants nécessaires à leur fabrication. Une décision qui pourrait nuire directement aux constructeurs américains, et par ricochet, à l’ensemble du marché automobile.
Un choc économique redouté par Tesla
Face à la volonté de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les véhicules importés, Tesla exprime de vives inquiétudes quant aux répercussions sur son activité et sur l’ensemble du secteur. « Les exportateurs américains sont intrinsèquement exposés à des impacts disproportionnés lorsque d’autres pays réagissent aux actions commerciales des États-Unis », souligne la lettre. Une référence explicite aux mesures de rétorsion que pourraient prendre les partenaires commerciaux des États-Unis, menaçant ainsi les exportations de véhicules électriques américains.
Tesla, dont les usines de production sont situées en Californie, au Texas, au Nevada et à New York, craint que ces nouveaux droits de douane ne viennent alourdir considérablement ses coûts de fabrication. En particulier, l’entreprise met en avant la difficulté de s’approvisionner en certains composants essentiels, tels que le lithium et le cobalt, sans avoir recours à des importations. Malgré une relocalisation partielle de sa chaîne d’approvisionnement, l’entreprise souligne qu’« il est difficile, voire impossible, de s’approvisionner uniquement sur le territoire américain pour certaines pièces et composants ».
Une riposte internationale en préparation
Cette mise en garde intervient alors que les partenaires commerciaux des États-Unis commencent à prendre des mesures de rétorsion. L’Union européenne a déjà annoncé l’application de nouveaux tarifs douaniers « forts mais proportionnés » sur plusieurs produits américains, notamment les bateaux, les motos et le bourbon. Le Canada, de son côté, menace d’imposer des taxes supplémentaires sur l’acier, l’aluminium – matériau central dans la fabrication des voitures électriques – et les ordinateurs.
Face à cette escalade, l’administration Trump ne semble pas fléchir. Bien au contraire, le président américain a récemment décidé d’imposer une taxe de 200 % sur les vins, champagnes et spiritueux européens, poursuivant ainsi la surenchère protectionniste initiée depuis plusieurs mois.

Tesla en crise : chute des ventes et effondrement boursier
Cette conjoncture ne pouvait tomber à un pire moment pour Tesla. L’entreprise est en pleine tourmente, avec des ventes en forte baisse sur plusieurs marchés clés. En Europe, ses résultats ont plongé de 44 % en France et en Norvège, et de 76 % en Allemagne. En Chine, son plus grand marché hors des États-Unis, les ventes ont chuté de 51 % en février, atteignant leur niveau le plus bas en deux ans et demi.
Les analystes financiers ne sont pas plus optimistes. Joseph Spak, expert chez UBS Group AG, a récemment revu à la baisse ses prévisions pour Tesla, anticipant une baisse de 16 % des ventes au premier trimestre et une décroissance annuelle de 5 %. Depuis son sommet atteint le 17 décembre, l’action Tesla s’est effondrée de moitié, un signal d’alarme pour les investisseurs et les observateurs du marché.
L’ombre d’Elon Musk et le soutien ambigu de Trump
Si la conjoncture économique pèse sur Tesla, l’image de son PDG n’arrange en rien la situation. Les polémiques entourant Elon Musk, notamment ses déclarations controversées et ses décisions managériales abruptes, ont contribué à ternir la réputation de l’entreprise. Récemment, un cadre de Tesla a été licencié après avoir critiqué un commentaire douteux de Musk sur les réseaux sociaux, illustrant le climat tendu au sein de la société.
Paradoxalement, Donald Trump, dont les politiques sont en partie responsables des difficultés actuelles de Tesla, a exprimé son soutien à Elon Musk en déclarant vouloir acheter une Tesla « en signe de confiance ». Mais pour les dirigeants de l’entreprise, cette démonstration symbolique ne suffira pas à compenser les conséquences désastreuses des mesures protectionnistes imposées par Washington.
Un appel à la raison
Dans sa lettre au représentant américain au commerce, Tesla plaide pour une politique commerciale plus équilibrée, qui ne pénaliserait pas excessivement les entreprises américaines. « Le gouvernement devrait veiller à ce que les fabricants américains ne soient pas indûment accablés par des mesures commerciales qui pourraient entraîner l’imposition de droits de douane prohibitifs sur des composants nécessaires », insiste l’entreprise.
Si la Maison-Blanche persiste dans sa stratégie, l’industrie automobile américaine pourrait se retrouver en grande difficulté, affaiblie par une compétition internationale de plus en plus agressive et des coûts de production en hausse. Tesla, en première ligne de cette bataille, espère encore infléchir la politique de Donald Trump avant que l’impact ne devienne irréversible.