6 décembre 2024

WASHINGTON — La Cour Suprême des États-Unis a pris une décision historique lundi, en accordant pour la première fois une large immunité aux anciens présidents contre les poursuites judiciaires. Cette décision prolonge le délai dans l’affaire criminelle de Washington contre Donald Trump, accusé d’avoir tenté de renverser sa défaite à l’élection présidentielle de 2020, et réduit presque à néant les perspectives d’un procès avant les élections de novembre.

Une Décision Controversée

Dans une décision historique prise par une majorité de 6 contre 3, la Cour, dominée par les conservateurs dont trois juges nommés par Trump, a restreint les poursuites contre lui et renvoyé l’affaire au tribunal pour déterminer ce qu’il reste de l’acte d’accusation présenté par le procureur spécial Jack Smith.

Trump a célébré une « GRANDE VICTOIRE » sur les réseaux sociaux. Le président américain Joe Biden a déclaré que les juges ont établi « un précédent dangereux [qui] sape la règle de cette nation. »

Un Pouvoir Présidentiel Renforcé

La décision reflète une vision musclée du pouvoir présidentiel. Les juges dissidents ont critiqué cette décision, estimant qu’elle sapait un principe démocratique fondamental selon lequel personne n’est au-dessus des lois. La décision de la Cour met en lumière le rôle influent des juges dans l’élection présidentielle de novembre.

Le président de la Cour suprême, John Roberts, a écrit que, « sous notre structure constitutionnelle de séparation des pouvoirs, la nature du pouvoir présidentiel confère à un ancien président une immunité absolue contre les poursuites pénales pour des actions relevant de son autorité constitutionnelle. » Toutefois, Roberts a précisé qu’il n’y a pas d’immunité pour les actes non officiels.

Réactions et Conséquences

En lisant son opinion dissidente en salle d’audience, la juge Sonia Sotomayor a déclaré : « Parce que notre Constitution ne protège pas un ancien président de répondre de ses actes criminels et traîtres, je suis en désaccord. » Elle a ajouté que la décision « fait une parodie du principe fondamental de notre Constitution et de notre système de gouvernement, selon lequel nul n’est au-dessus des lois. »

Sur son réseau social Truth Social, Trump a posté en lettres majuscules peu après la décision : « GRANDE VICTOIRE POUR NOTRE CONSTITUTION ET DÉMOCRATIE. FIER D’ÊTRE AMÉRICAIN ! »

Réactions Politiques

Le président Biden, lors d’une déclaration en soirée depuis la Maison Blanche, a cité les contraintes acceptées sur le pouvoir présidentiel remontant à George Washington et a déploré que « pour des raisons pratiques, la décision d’aujourd’hui signifie presque certainement qu’il n’y a pratiquement plus de limites à ce qu’un président peut faire. »

Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, a dénoncé la décision comme étant « honteuse, » réalisée avec l’aide des trois juges nommés par Trump.

Implications Juridiques

Les juges ont annulé une partie de l’acte d’accusation. Selon l’opinion de Roberts, Trump est « absolument immunisé » contre les poursuites pour les discussions avec le ministère de la Justice. Trump est également « au moins présomptivement immunisé » contre les allégations selon lesquelles il aurait tenté de faire pression sur son vice-président, Mike Pence, pour rejeter la certification de la victoire de Biden.

La Cour a ordonné une analyse factuelle sur l’allégation que Trump aurait participé à un stratagème pour recruter de faux électeurs dans des États clés que Biden avait remportés.

La décision de la Cour Suprême marque une nouvelle étape dans le débat sur les limites du pouvoir présidentiel et les conséquences pour la démocratie américaine. Les critiques soulignent les dangers d’un précédent qui pourrait permettre à un président d’échapper à toute responsabilité pour ses actes officiels.

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