
Dans un contexte de crise sécuritaire sans précédent, Fritz Alphonse Jean a officiellement pris ses fonctions en tant que coordinateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ce vendredi 7 mars 2025. Ce passage de témoin intervient alors que la violence, alimentée par les criminels de la coalition « Viv Ansanm », continue d’embraser la région métropolitaine de Port-au-Prince, où plusieurs quartiers sont sous leur contrôle.
Conformément à l’accord sur la présidence tournante du CPT, Fritz Alphonse Jean succède à Leslie Voltaire après six mois de mandat. Ancien gouverneur de la Banque centrale et économiste chevronné, il prend désormais les rênes du Conseil dans un climat d’urgence nationale.

La cérémonie de passation s’est déroulée à la Villa d’Arcueil, située à Musseau, Delmas 60, en présence de nombreuses personnalités politiques et diplomatiques, dont le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, les autres membres du gouvernement, le directeur général par intérim de la Police Nationale d’Haïti (PNH), le chef de la Mission de Sécurité Spéciale (MSS), ainsi que des représentants du corps consulaire.

Dès son discours d’investiture, Fritz Alphonse Jean a dressé un tableau sombre de la situation, affirmant sans détour que « le pays est en guerre contre les gangs ». Il a insisté sur la nécessité d’un budget conséquent pour mobiliser les ressources indispensables à la restauration de l’ordre et de la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Parmi les mesures annoncées, figure une coopération renforcée entre la Brigade de Surveillance des Aires Protégées (BSAP) et les Forces Armées d’Haïti (FADH). Un protocole d’accord devrait être signé prochainement pour intensifier la lutte contre l’insécurité, qui ne cesse de paralyser le pays.
Le nouveau président du CPT a également souligné l’importance du renforcement des effectifs des forces de l’ordre. Il a ainsi annoncé le recrutement et la formation de plus de 3 000 nouveaux agents au sein de la PNH et de l’armée, afin d’augmenter la capacité opérationnelle des forces légales face aux gangs.
Un an après l’installation du gouvernement de transition – composé de sept conseillers présidentiels, d’un Premier ministre et de plusieurs ministres –, la mise en œuvre des réformes et des mesures nécessaires pour stabiliser le pays tarde encore.
La région métropolitaine de Port-au-Prince est aujourd’hui une véritable zone de non-droit, où les gangs ont pris le contrôle des principales voies de communication reliant la capitale aux autres départements du pays. Récemment, ils ont même réussi à s’emparer de la nouvelle route reliant le Grand Sud via Kenscoff, aggravant encore davantage l’isolement de certaines zones.
Selon une récente estimation de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 42 000 personnes ont été contraintes de fuir leur quartier en l’espace d’un mois. Déplacées de force, ces familles vivent désormais dans des conditions de précarité extrême.
Avec un pays en pleine tourmente, la mission du nouveau coordinateur du CPT s’annonce titanesque. Restaurer l’autorité de l’État, reprendre le contrôle des territoires dominés par les gangs et assurer la protection des populations civiles sont autant de défis qui nécessitent des actions rapides et efficaces.